Mali : Campagne agricole 2022 – 2023 : des rendements menacés ?
Alors que la pluviométrie est jugée plutôt satisfaisante cette année, deux menaces planent sur la campagne agricole. Outre les difficultés liées à…
Alors que la pluviométrie se révèle relativement satisfaisante cette année, deux défis de taille se dressent devant les agriculteurs pour la campagne en cours. En plus des problèmes d’approvisionnement en engrais, c’est l’apparition d’attaques de parasites du coton qui suscite des inquiétudes parmi les paysans. Ces prédateurs jusqu’alors peu connus et l’absence de solution adéquate remettent en question le rendement de la récolte.
Avec des perspectives optimistes pour les cultures principales et un investissement de 456 milliards de francs CFA, la campagne agricole 2022-2023 s’annonçait prometteuse. Cependant, à quelques semaines de sa clôture, de nouveaux éléments font naître des doutes parmi les agriculteurs. Pour M. Cheickna Diallo, producteur dans la région de Kita, il est difficile d’établir des estimations précises, mais il craint une baisse de la production. « Nous avons rencontré des difficultés pour obtenir de l’urée. Au lieu des trois sacs par hectare habituels, les paysans ont dû se contenter d’un seul », explique-t-il. De plus, ils ne peuvent se permettre d’acheter ces sacs au prix du marché, fixé à 35 000 francs CFA. « Cela aura un impact sur notre production », assure-t-il. En outre, les attaques de parasites sur le coton représentent une menace supplémentaire pour laquelle aucune solution efficace n’a encore été trouvée. Toutefois, il estime que d’autres cultures, épargnées par ces aléas, pourraient bénéficier de cette situation, telles que le sésame, cultivé en grande quantité sur des terres initialement destinées à d’autres cultures. Pour soutenir les producteurs de coton, doublement touchés, l’État devrait prendre en charge l’achat des engrais à la place des paysans, car ces derniers ne pourront pas rentabiliser leur production avec ce coût et les attaques des parasites.
Des changements en perspective
Face aux difficultés rencontrées dans l’acquisition des engrais cette année, les autorités envisagent une réforme du système, selon le ministre du Développement rural. Celui-ci préconise notamment une « libéralisation du marché des engrais afin de contrer les pratiques oligopolistiques », comme il l’a annoncé le 4 septembre lors d’une intervention visant à « éclaircir » les problèmes liés à la fourniture d’engrais subventionnés. Il propose également d’encourager l’utilisation d’engrais organiques à hauteur de 60 % et de mettre en place un système de subventions versées après la production, permettant ainsi aux agriculteurs, mieux organisés, d’acheter eux-mêmes les engrais sans l’intervention de l’État.
Bien que certains secteurs aient atteint un taux de fourniture de 85 %, « aucun n’a atteint les 100 % », affirme Seydou Coulibaly, producteur de coton dans la région d’Ouéléssébougou. Cependant, plus que le manque d’engrais, c’est la nouvelle menace parasitaire qui préoccupe cet agriculteur.
Ismael OUIYA